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Le XIXème des De Crécy...
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Le XIXème des De Crécy...
11 août 2008

ce qui s'est passé durant le mois, joie de pouvoir se rendre à Paris, enfance de Simone...par Rosalie

20 mars 1824                                                                                                            Houbois

Ma très chère Inès,

J’ai été très surprise mais agréablement rassurez-vous, de recevoir si tôt une nouvelle lettre de votre part. En effet, ma dernière missive datant d’à peu près un mois, quel étonnement de voir sur la vôtre la date du 7 mars. Avant de commencer à la lire, je me suis dit que soit le facteur avait volé à la vitesse d’un aigle pour vous apporter la mienne, soit que vous ne l’aviez pas encore reçue et vous aviez l’intention de devancer ma lettre. Bien sûr, la deuxième solution étant la plus probable, elle fut aussi la bonne.

Je ne saurai dire exactement pourquoi, mais cette lettre ma ravie, peut-être parce que c’était un courrier inattendu et imprévu. Votre papier diffère légèrement des précédents, je trouve le ton plus enjoué, plus désinvolte ; le style est propre à lui-même, c'est-à-dire très soigné, mais avec une petite touche de délibération en plus. Quant au contenu, il est plein de suspens et de rebondissements, mais j’y reviendrai plus tard. Vous voilà donc au courant de l’effet qu’à eu votre lettre sur moi, et je n’ai pu m’empêcher de la relire plusieurs fois pour bien m’en imprégner.

Pour commencer, je vous donnerai comme vous l’avez demandé des nouvelles de Houbois, mais je dois dire qu’en un mois il ne s’est pas passé beaucoup de choses croustillantes et susceptibles d’être narrées. Je vous relaterai cependant les quelques événements survenus au cours de ce mois qui puissent attirer votre curiosité.

Amanda a donc fêté ses 14 ans le 2 mars. Elle était très émue et visiblement très heureuse ; je ne sais pas pourquoi mais elle pense qu’avoir 14 ans signifie passer à l’âge où l’on commence à être considéré comme adulte. Je l’ai cependant avertie que ce temps n’était pas tout à fait arrivé et qu’il fallait attendre d’avoir fait sa première sortie dans le monde pour pouvoir jouir d’un tel statut. Mais elle a fait mine de ne pas entendre et a dit qu’ « aujourd’hui, [elle] devenait grande ». je lui est alors répliquer que si elle décidait de devenir adulte maintenant, elle devait donc se comporter comme tel. Elle m’a alors demandé ce qu’elle devait faire pour y parvenir, et je lui ai plutôt répondu ce qu’elle ne devait plus faire : la sotte, l’enfant gâtée, les enfantillages… Ces remarques l’ont fait réfléchir et elle m’a alors dit : « tu as raison, Rosalie, j’ai encore envie de faire des bêtises, je suis trop jeune pour devenir adulte, je préfère attendre encore un petit peu ». Elle a alors explosé de rire et est partie en courant rejoindre votre sœur pour quelques insanités sans doute. La journée s’est relativement bien passée, excepté le moment où il a fallut aller coucher papy Emile qui ne tenait plus debout ni même assis, probablement à cause d’un trop plein de nectar dans le sang. J’espère que son ineptie de ce jour là ne parviendra pas aux oreilles des commères du village. Mais ce ne serait qu’une fois de plus…

Il y avait présents bien sûr à cette petite réunion vos parents qui je dois dire sont en excellente forme. Votre père nous a beaucoup fait rire en nous narrant quelques anecdotes familiales pour le moins très drôles. Il nous a par exemple dit que feue notre grand-mère, Martine, voulait tellement empêcher papy Emile de boire que lorsqu’il s’achetait des bouteilles, mamy s’empressait soit de remplacer l’alcool par une boisson non alcoolisée, soit d’y mettre du vinaigre à l’intérieur. Le goût était alors si désagréable que papy ne pouvait boire et maugréait sur la qualité des produits vendus en magasin. Il ne se doutait même pas que mamy était passée par là…   

Papa et Maman se portent bien, ils sont heureux pour Eléonore qui va participer la saison prochaine à son second bal en compagnie bien évidemment de son cher Emmanuel. Elle commence déjà à imaginer sa future robe et il semblerait qu’elle ait opté pour une couleur écru, car apparemment, le duc de Laryn n’y serait pas insensible. Peut-être lors de ce bal l’invitera-t-il à visiter son domaine, qui sait ? Je pense sincèrement que ces deux là sont faits pour aller ensemble, et ce n’est pas qu’une certitude, c’est une évidence : ils se complètent à merveille.

Je pense souvent à Clairefontaine et donc à Edouard et Juliette. J’ai souvent des nouvelles d’eux et ils ont l’air d’apprécier fortement leur petit nid douillet. Ils ont même fait la connaissance du voisinage et il paraît qu’un jeune couple, les Anthelios, résident non loin de chez eux. Ils se sont rencontrés et se sont immédiatement appréciés. La jeune Mme Anthelios est enceinte de son premier enfant. Juliette à l’air de s’intéresser de très près à cette grossesse. Peut-être a-t-elle des idées derrière la tête…cela ne me dérangerait pas, pour ma part, de devenir tante mais il me semble cependant que l’idée d’agrandir la famille ne soit pas dans les projets de mon frère. Il vient d’acquérir un domaine, est encore jeune et préfère penser à autre chose que de pouponner un bébé. Et d’ailleurs je ne le vois pas beaucoup dans ce rôle ! Quant Amanda était encore bébé, il se s’approchait guère d’elle, décrétant que les cris du bébé lui faisait mal aux oreilles. Je ne sais pas ce que pense papa et maman de tout ça, je leur poserai la question à l’occasion, mais pour le moment, mes parents se préparent à effectuer à leur tour un séjour à Clairefontaine, ils pourront alors s’apercevoir et juger eux-mêmes de la situation. Mon frère les a gentiment invités à venir pour une semaine pour leur faire découvrir son beau domaine. Mes parents sont très heureux de quitter un peu leur « chez eux » qu’ils ne parlent que de ce voyage ! En effet ils ont rarement l’occasion de quitter Houbois et un peu d’air « nouveau » leur fera le plus grand bien. Etant donné leur nature anxieuse, ils s’inquiètent évidemment pour nous et se font un sang d’ancre de nous laisser seules, mes 2 sœurs et moi. Mais je les ai rassuré que nous sommes des filles responsables (du moins Eléonore et moi) et que nous surveilleront de près et de loin la tornade Amanda. Dommage que vous n’êtes pas là, je vous aurais volontiers invité à venir passer la semaine en ma compagnie à Houbois, mais je suis sûre que là où vous êtes, vous vous amusez très bien. Il faudra cependant à votre retour, que vous me fassiez le plaisir de venir chez moi : j’ai accroché dans ma chambre quelques tableaux que j’ai peint moi-même et connaissant votre talent dans ce domaine, j’aimerais que vous me donniez votre avis.

J’ai eu récemment vent d’Agathe Laboursein. Aux dernières nouvelles, elle aurait revu Tanguy Briquot…mais également le comte de Montbistou ! En effet, d’après les bruits qui courent, la demoiselle aurait été invitée chez Mr Briquot pour un déjeuner un lundi. Elle s’y est alors rendue mais je ne sais pas ce qui s’est passé. Je suis seulement au courant qu’elle y est restée tout l’après-midi et une bonne partie de la soirée. Tout laissait à croire qu’elle se plaisait avec lui, pour être restée aussi longtemps en sa compagnie, d’autant plus que lorsque qu’elle a quitté son domaine à une heure tardive, elle a été perçue avec un grand sourire aux lèvres et elle marchait plutôt gaiement. Tout le monde s’intéressant à son cas s’est alors dit que « les jeux étaient faits » entre eux et que certainement on les verrait désormais très souvent –pour ne pas dire tout le temps- ensemble.

Mais brusquement, le mercredi, la jeune bourgeoise à quitter notre village pour se rendre…à Genève, où le comte résidait toujours. Actuellement, elle n’est pas revenue, cela fait déjà plusieurs jours qu’elle est partie. Je n’ai pas croisé Mr Briquot, et je n’ai rien entendu à son sujet qui pourrait expliquer le départ brusque d’Agathe. Mais peut-être celle-ci avait déjà prévu de se rendre à Genève avant d’être invité chez Mr Briquot, pour s’excuser d’avoir dû annuler son dernier voyage. Quoiqu’il en soit, cette fille est une indécise et son cœur semble hésiter d’une personne à l’autre. Pour ma part, je choix serait vite fait : ni l’un ni l’autre ! Ces deux hommes ne me conviennent nullement mais ils correspondent par contre très bien à Mlle Laboursein. Alors quand saurons-nous si nous aurons le privilège de dire Mme Agathe Montbistou ou Mme Agathe Briquot ? 

Je pense qu’à l’heure qu’il est, vous avez reçu ma lettre précédente. Vous savez donc que je suis invitée au bal par Victor de Vélitis, le duc pour qui disons, je ne suis pas insensible. La soirée aura lieu dans quatre jours, c'est-à-dire donc le 24 mars. Je me fais une telle joie de pouvoir sortir et rencontrer du monde ! Surtout que je ne connaîtrai pas la plupart des personnes présentes, je n’ai d’ailleurs même jamais adressé la parole à l’organisateur de la soirée, Paul de Montellier. J’espère que la soirée se passera agréablement et sans incident car je suis timide lorsque je ne connais personne, mais je suis sûre que l’entourage de Victor ne peut être que de bonne compagnie et me mettra à l’aise. Quoiqu’il en soit, je suis parée et fin prête, j’ai choisi une belle robe sans prétention mais chic, en velours noir, assortie avec chaussures et sac à main. Je demanderai à Marinette, la bonne, de me coiffer : elle est très douée de ses mains et a beaucoup de talent pour mettre les gens en valeur.

Bien entendu, je vous enverrai une prochaine lettre dans laquelle je vous raconterai dans les moindres détails ma soirée.

Le mois de février s’est terminé sur une note de fraîcheur puis à laissé place à la douceur de mars. Les jours commencent doucement à s’allonger, les bourgeons apparaissent, et les feuillages reprennent petit à petit. La chaleur printanière se fait sentir et le soleil montre peu à peu le bout de son nez. Je suis impatiente de pouvoir ressortir de la maison et pouvoir me balader à cheval ou à pied à travers les sentiers de Houbois. Je commence à me lasser de rester enfermée à l’intérieur de la maison, d’autant plus que je n’ai plus un seul livre à lire ! Je les ai tous dévorés cet hiver, quand je vous disais m’ennuyer et avoir besoin d’aventures.

Mais on dirait que le destin se mêle à la partie, puisque, alors que vous n’étiez même pas au courant de mes envies, vous me proposez de vous rejoindre à Paris ! Voilà exactement ce que j’attendais ! Moi qui rêvais de quitter la maison familiale quelques temps, que suis-je heureuse de votre invitation ! J’attends le retour de mes parents de Clairefontaine pour leur en parler et je vous donnerai la réponse plus tard. Je pense qu’ils seront ravie pour moi et je serai moi-même ravie puisque je ne serai pas obligée de leur dire que je souffrais de rester à la maison. Votre invitation tombe vraiment au bon moment même si je dois encore patienter deux mois. Mais je tiendrai ! De plus se sera pour nous l’occasion de nous revoir et cela me comble de bonheur. Cela fait si longtemps que nous ne nous sommes pas parler face à face ! J’ai envie d’admirer votre beauté, votre simplicité, votre élégance naturelle. J’ai envie que vous me fassiez découvrir les meilleurs coins et recoins de Paris, j’ai envie de changement, de renouveau, de découvertes, et tout cela vous et Paris pouvez me l’apporter ! Grâce à vos descriptions, je peux m’imaginer le décor dans lequel vous vous trouvez, mais le découvrir par mes propres yeux, et en compagnie de ma cousine préférée, quel bonheur ! C’est vraiment un bonheur inespéré qui me tombe dessus et ceci grâce à vous, je vous en remercie chaleureusement. Je vais enfin retrouver ma vitalité de jeune femme et pouvoir me ressourcer.

Le mois de mai sera idéal pour voyager, il ne fait ni trop chaud ni trop froid, le printemps est bien installé, les arbres sont en fleurs et le soleil rayonne. Je sens déjà que mon voyage sera un pur moment de plaisir.

Aurai-je la chance, durant mon séjour parmi vous si mes parents l’acceptent, de rencontrer ce fameux Jonathan de Châtivard ? Il est très important pour moi faire connaissance et encore mieux d’apprécier le, disons, prétendant de ma chère cousine. Je ne me fais pas de soucis, je sais que je le trouverai très convenable et à la hauteur de mes espérances et bien sûr des vôtres. Mais peut-être que je m’avance sur un terrain glissant : je m’invente et m’imagine des histoires sur votre compte et sur le sien alors que tout cela n’est peut-être qu’illusoire et tout droit sorti de mon esprit très créatif. Alors je vous en prie Inès, ouvrez-moi bien votre cœur et laissez parler vos sentiments, vous savez que je suis une confidente et surtout une cousine sur qui l’on peut compter. J’ai sincèrement envie de vous revoir, j’ai hâte de vous entendre me raconter de vive voix les petites anecdotes sur votre frère, les travers de Marianne, ses suspicieuses relations. Les Fretty-Lingedon me paraissent douteux et étranges. Vous m’avez dit avoir entendu Mme Fretty marcher seule la nuit, peut- être découvrirez-vous un secret, terrible, mystérieux, amusant, angoissant, ridicule ? Je sais que vous me relatez tout (ou presque) de ce que vous faîtes, mais entendre votre suave voix me répéter ces événements me sera d’un plaisir absolu et certain.

J’en viens pour finir sur un point qui m’a merveilleusement étonné : vous avez fait connaissance avec mon amie d’enfance Simone de Roumenon, car à l’époque, c’est ainsi qu’elle se nommait. Je suis si heureuse d’avoir de ses nouvelles, et bonnes en outre ! Nous nous étions connues effectivement à l’école de Chambéry. Simone paraissait timide, elle ne discutait pas avec les autres et restait dans son coin. Je me suis alors approchée d’elle doucement. Sur le coup, elle a paru effrayée mais quand elle a vu mon visage souriant, elle a compris que je ne lui voulais pas de mal. Elle ma alors souri à son tour et nous nous sommes tout à tour présentées. Elle s’appelait donc Simone, vivait déjà à

la Tour

du Pin, avait 2 frères. Son père était malade, il souffrait d’un mal dont on ignorait l’origine, voilà pourquoi la demoiselle avait l’air si craintif et vulnérable. Je pris le parti de la ménager et de lui faire oublier la maladie de son père, même si cette tâche était rude, surtout que je n’étais pas très âgée. C’est ainsi que nous sommes devenues amies. Petit à petit, je sentis que Simone souriait plus, qu’elle participait volontiers aux exercices collectifs. Peut-être y étais-je pour quelque chose, peut-être pas, mais son attitude joviale me comblait. Nous sommes restées inséparables jusqu’à la fin de nos études à Denis Diderot et lorsque nous nous sommes séparées, nous étions naturellement très affligées, mais nous nous étions promis de rester coûte que coûte en contact. Les premiers temps sans elle furent durs, les jours me paraissaient longs et monotones. Nous nous voyions quelques fois lors d’après-midi autour d’une collation mais plus le temps passait plus il fut difficile de se voir : nous avions chacune nos occupations qui nous prenaient du temps. Alors nous nous sommes mises, à la place, à nous écrire abondamment et fréquemment pour nous raconter nos vies respectives.  Son père était de plus en plus malade et elle trouvait sa vie plutôt insipide. Je lui conseillais de garder courage et que des temps meilleurs viendront. Malheureusement, c’est le contraire qui arriva. Son père mourut quelque temps plus tard et la pauvre fille en fut accablée de chagrin. Sa famille décida alors de déménager pour acquérir une demeure plus modeste, et pour oublier cette maison où le souvenir de chef de famille était encore trop présent. Elle me dit tout cela dans une lettre qui, je ne le savais pas encore, serait sa dernière à mon attention. En effet, ne connaissant pas l’endroit de son futur déménagement, elle ne pouvait me fournir l’adresse, je ne pouvais donc pas lui écrire. Il fallait donc que j’attende que se soit elle qui m’envoie sa première missive de sa nouvelle demeure. Cependant, j’attendis une semaine, deux, puis trois puis un mois, mais ce courrier ne vint jamais. Voilà comment j’ai perçu toute trace de la fascinante fille qui avait été à mes côtés pendant de nombreuses années. J’ai été très triste mais je n’en ai jamais parlé à personne, c’était trop douloureux, j’avais l’impression de m’être fait trahir par un être cher. Et même vous, Inès, n’en saviez rien. Mais si aujourd’hui j’ai décidé d’en parler, c’est parce Simone est réapparue et semble se souvenir de moi et même me revoir. Cela me fait chaude au cœur, voila pourquoi également j’ai envie de venir  Paris. Je pourrais ainsi m’entretenir longuement avec mon ancienne amie et connaître la raison de sa soudaine « disparition ». De plus, elle à l’air heureuse avec son mari et je suis pressée de savoir comment tout est arrivé. J’espère seulement que Sigmund ne ressemble pas (physiquement et mentalement)  à sa sœur, mais aussi lointain que mes souvenirs remontent, je ne crois pas qu’elle avait de mauvais goûts.

Quoiqu’il en soit, soyez rassurée, lorsque je recevrai son invitation, je ferai mine de n’être au courant de rien.

Sur ce, je vous laisse, je retourne vaquer à mes occupations futiles.

                                                           Très affectueusement, Rosalie de Rosyères.

PS : Qu’il me tarde de vous rejoindre ! Je compte les jours !      

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Commentaires
J
Hey !! Merci pour tes commentaires !!! =) Alors c'est pour quand l'édition de votre roman épistolaire? ^^A sa sortie, je l'achète et le rangerais à côtés de "mes Jane Austen" !! ;), au fait, je ne voudrais certes pas nuire à la publicité de canalblog, cependant pourquoi lorsque vous aurez du temps libre, ne pas transférez votre roman sur Kazéo? Il y a beaucoup d'avantage dont : moi XD!! non plus sérieusement, le service est super et davantage de visiteurs peuvent venir lire vos prouesses littéraires ;)!!
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